Réflexions préliminaires sur l'événement, le témoignage et la (fonction) politique chez Paul Valéry. Paul Valéry, la Grèce, l'Europe

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L'Harmattan

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Faculty of Education and Arts

School

School of Communication and Arts

RAS ID

12986

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Elder, D. (2011). Réflexions préliminaires sur l'événement, le témoignage et la (fonction) politique chez Paul Valéry. In S. Bourjea (Ed.), Paul Valéry, la Grèce, l'Europe (pp. 211-257). Paris, France: L'Harmattan. Available here

Abstract

Dans ce travail sur l’événement, le témoignage et la (fonction) politique il ne s’agit point de relever simplement une série de notions capitales (ce qui ne manquerait pas de piquant !) mais de les analyser dans le contexte d’un certain réseau de relations essentielles dans les Oeuvres et les Cahiers de Paul Valéry. Il y a chez Valéry une méfiance radicale des mots et d’un nombre important de notions illégitimes. Il faut ajouter à cette liste la fonction de sa méfiance de l’histoire, des événements et des témoignages. Tout lecteur des textes de Valéry connaît son attitude critique à l’égard de l’histoire, des journaux et de la politique. Pour Valéry, la description des « (grands) événements » ignore « la marche silencieuse et constante » de la vie mais aussi à quel point ce que nous appelons communément des faits sont toujours valorisés par un témoin—par un certain point de vue. Rappelons que Valéry pratique d’ailleurs une sorte d’an-archie pure et appliquée—et qu’il se déclare beaucoup plus sociable que social. Soulignons également cette manière chez Valéry de chasser les idoles et les mythes sociaux. De plus, ses commentaires (souvent aphoristiques, lapidaires et laconiques) portent sur l’étonnante absence d’analyse derrière tant d’engagements au sein des partis politiques. Valéry entreprend un puissant travail de démolition des idoles politiques. Une lecture même cursive des réflexions sur l’histoire et la politique dans les Cahiers de Valéry peut servir de salutaire mise en garde pour tous ceux qui souhaitent s’engager trop hâtivement dans la vie politique. Il y fait tabula rasa du mythe politique et ses réflexions tombent souvent comme un couperet. Mais pas de projet ou de plan proprement politiques chez Valéry. On trouve surtout dans les Cahiers une analyse et un dressage du pouvoir de l’esprit critique et un nettoyage du système verbal. Valéry, ne l’oublions pas, c’est avant tout l’analyste de ce qui est fonction-fonctionnel. Ce qui fut (l’histoire), sera, pourrait être ou aurait pu être (les spéculations utopiques) est de peu d’intérêt pour lui. Pas de plan pour une Utopie—mais des spéculations humoristiques autour de la fiducia dans l’Île Xiphos et surtout des critiques sévères du Monde actuel et de la vie politique dans un nombre important de ses textes. C’est ici que nous pouvons parler d’une sorte de désistance politique à la Valéry—même si ce mot, comme nous le rappelle Jacques Derrida, n’existe pas en français. Au fond, chez Valéry, « toute politique implique quelque idée de l’homme » et surtout de l’homme en tant que système vivant fonctionnant dans un milieu. C’est donc le le Moi et la bio-sphère, une étude du langage et de ses effets et une « critique » « de sa valeur de représentation des choses » qui sont à la base de ses analyses. Et c’est ainsi que ses réflexions se situent en amont de la vie politique à l’intérieur d’une forme d’an-archie, à savoir « la tentative de chacun de refuser toute soumission à l’injonction qui se fonde sur l’invérifiable. Nous essaierons, dans notre présentation, de peaufiner ce tissu de liens.

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